Recherche personnalisée

5 octobre 2008

Les alicaments marketing !

Interview - Les effets des alicaments ne sont (toujours) pas prouvés scientifiquement

LCI.fr : Que reprochez-vous aux alicaments ?

Olivier Andrault, chargé de mission Alimentation à UFC-Que Choisir : Nous leur reprochons deux choses. Le fabricant doit constituer un dossier scientifique pour démontrer les bénéfices de son produit. Or, c'est le fabricant qui décide seul de la nature du dossier : il n'y a aucune exigence méthodologique ; il peut mettre en avant de simples études déclaratives qui n'ont aucune valeur scientifique ; il peut évoquer des études in vitro ou sur des animaux sans avoir testé son produit sur des êtres humains... Et les administrations auxquelles est transmis ce dossier n'en font qu'une simple relecture ; elles ne vérifient jamais son contenu.
Deuxième reproche : les experts français (Afssa) et européens (Aesa) valident les accroches marketing sans voir la publicité ni l'emballage. Or, la perception du consommateur est directement influencée par les aspects visuels, la taille des textes et leur positionnement sur le produit.

LCI.fr : Qu'attendez-vous concrètement des autorités ?

O. A. : Nous souhaitons que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Commission européenne de demander à l'Afssa et à l'Aesa de définir la liste des pièces scientifiques à transmettre dans le dossier, de définir une méthodologie et ce qui peut être un effet significatif du produit. Cela, afin que les agences puissent vérifier la réalité des résultats.
Concernant la communication des fabricants, nous demandons l'interdiction des allégations trop vagues, la définition de règles de communication publicitaires avec un équilibre dans la présentation entre la visibilité et la compréhension et, enfin, la vérification de la conformité de l'emballage et de la publicité avant leur utilisation par le fabricant.

LCI.fr : Les autorités sont-elles sensibilisées à cette question ?

O. A. : Ce n'est pas tellement à l'ordre du jour, c'est pourquoi nous tirons la sonnette d'alarme, d'autant la croissance des alicaments est de 8% par an contre 1 ou 2% pour l'ensemble du secteur agro-alimentaire. A l'étranger et en Europe, il y a des projets d'alicaments avec de fortes promesses en terme de santé. Nestlé et une filiale américaine de Danone travaillent chacun de leur côté à développer des alicaments censés prévenir la maladie d'Alzheimer. L'Oréal s'est associée à Coca-Cola et Nestlé pour commercialiser une boisson aux bénéfices cosmétiques. L'International life sciences institute, fondé par les industriels de l'agroalimentaire et du médicament, étudie l'intérêt de créer des alicaments pour améliorer la mémoire des enfants ou limiter le risque leur hyperactivité. Si ces produits sont commercialisés, le consommateur ne sera pas certain que ces promesses seront tenues.

LCI.fr : Les alicaments peuvent-ils être dangereux pour la santé ?

O. A. : Pour le moment, il n'existe aucun produit dont on a démontré le danger mais l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avait bien précisé il y a deux ans que ce genre de produit ne pouvait pas remplacer un parcours de santé, avec consultation d'un médecin, modification de l'hygiène de vie, suivi médical...

Aucun commentaire: